« Le Viol », un film d’Alain TASMA
Je souhaite partager, avec beaucoup d’émotion et d’engagement, un film et un débat qui ont été diffusés sur France 3, ce mardi 19 septembre 2017. Le sujet, un fait divers qui dans les années 70, a donné lieu à un procès « politique » de grande envergure, resté dans l’histoire mais quelque peu oublié, sous le nom de « procès du viol ».
Ce film d’Alain TASMA, relate l’enfer et le combat de deux jeunes femmes belges, âgées de dix-neuf et vingt-quatre ans, qui partent camper en amoureuses dans les calanques de Marseille en aout 1974. Alors qu’elles dorment dans leur tente, trois hommes surgissent et les violent cinq heures durant. Interpellés par les gendarmes, ils invoqueront un consentement mutuel et seront uniquement inculpés pour « coups et blessures ».
Ces femmes, « coupables d’avoir été violées », vont être humiliées par les instances de l’époque : le milieu médical qui procède à des examens abominables et une justice qui prône l’indulgence envers la violence masculine. Traumatisées dans leur chair et révoltées, elles mènent un combat qui durera quatre années, en portant l’affaire aux assises et non plus en correctionnelle, soutenues par une femme exceptionnelle, figure phare du barreau de Paris et ardente militante féministe : Gisèle Halimi, avocate.
Ce procès devient une immense tribune médiatique et politique. Il aboutira à la condamnation des agresseurs pour viol et enfin, va contribuer en 1980 à modifier la législation française qui va requalifier le Viol : de délit, il devient un Crime …
Bouleversant, ce film vient rappeler et c’est l’objet du débat qui suit, que la question du viol et du Silence est encore d’actualité. Encore aujourd’hui, de nombreux viols (quatre-vingt-six mille femmes sont victimes de viol ou de tentative de viol chaque année selon les chiffres du Haut Conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes) sont renvoyés en correctionnelle plutôt qu’aux assises.
Malgré de réels progrès liés à une loi récente (loi du 9 juillet 2010 complétée par la loi du 4 août 2014), de nombreuses femmes n’osent toujours pas porter plainte parce qu’elles ont peur et honte. Car en effet, si en 1970, 10 % des femmes ayant subi un viol portent plainte … Elles ne sont que 13 % aujourd’hui.
Raison de plus encore aujourd’hui, au nom de l’Association Femmes d’Ici, d’être le porte-parole d’une pensée citoyenne, emprunte d’égalité, d’humanité et de respect, et ensemble, rendre hommage à celles qui restent encore dans le Silence.
Stéphanie PAVIOT pour Femmes d’Ici
Septembre 2017
Références
Le Viol, film d’Alain Tasma, 2017 diffusé sur France 3
Débat sur le « Procès du Viol », France 3
Gisèle Halimi, plusieurs livres dont « ne vous résignez jamais », 2009.